« Un terroir est un espace géographique délimité, où une communauté humaine construit au cours de l’histoire un savoir collectif de production, fondé sur un système d’interactions entre un milieu physique et biologique et un ensemble de facteurs humains. Ce dernier révèle une originalité, confèrent une typicité et engendrent une réputation, pour un produit originaire de cet espace géographique. »

Vincent, E., Flutet, E., Nairaud, D. (2008) « AOC et apo : un système de reconnaissance des terroirs au service du développement durable », Géosciences, numéro 7/8, mars 2008, INAO. Section 2 – 3 colonnes de texte

 

Un territoire nordique

Le Saguenay–Lac-Saint-Jean, situé au cœur de la forêt boréale du Québec, est reconnue pour ses contrastes où se côtoient à la fois de grands espaces sauvages, des terres agricoles fertiles et des plans d’eau majestueux. L’isolement géographique et le climat en sont les éléments principaux. Il faut comprendre que le Saguenay–Lac-Saint-Jean est complètement isolé par des plateaux montagneux qui agissent telles des barrières géographiques. En raison des latitudes auxquelles cette région se situe, ces conditions se traduisent par des hivers longs et froids avec une importante couverture neigeuse. L’isolement géographique et les conditions climatiques rigoureuses offrent des protections naturelles aux cultures et aux élevages contre certains insectes ravageurs et maladies, favorisant ainsi des pratiques responsables et une meilleure gestion de la qualité des produits alimentaires. Les étés y sont courts et chauds avec une plus longue durée d’ensoleillement. Enfin, on y observe de grands écarts de température entre le jour et les nuits qui sont plus fraîches. La courte saison estivale est propice à la culture de plusieurs productions agricoles et à la cueillette d’une grande variété de plantes sauvages. Ces variations radicales de température influencent le métabolisme des plantes en concentrant davantage certaines molécules. Un peu comme si la plante tombait en dormance et n’arrivait pas à consommer ce qu’elle avait accumulé dans la journée, nous laissant le bonheur d’en profiter à sa place. Ces facteurs permettent d’obtenir des propriétés nutritionnelles et nutraceutiques plus élevées pour plusieurs produits. De nombreuses plantes sont d’ailleurs réputées pour leurs propriétés bénéfiques sur la santé humaine. On peut également les utiliser pour alimenter les troupeaux laitiers, les animaux de boucherie. Les abeilles qui les butinent en profitent tout autant !

Des gens passionnés

D’hier à aujourd’hui, des hommes et des femmes au tempérament chaleureux, solidaire et créatif ont su s’adapter et tirer profit de leur environnement. Les entreprises et leurs partenaires forment un réseau au sein duquel ils mettent en valeur les caractéristiques de leur terroir. Leur culture alimentaire s’exprime à travers des techniques et une cuisine actualisée, métissant traditions locales et héritage des Premières Nations. Cette culture est inspirée au cours des saisons par les arrivages et les produits de cueillette.

Un savoir-faire unique

Des entreprises aux expertises diversifiées prospèrent dans la zone boréale. Qu’elles soient établies depuis longtemps ou récemment démarrées. Alliant le savoir-faire artisanal traditionnel et les techniques modernes innovantes, les pratiques de production et de transformation sont souvent prétexte à la coopération.

Des produits exceptionnels

C’est la terre que cultivent les producteurs d’ici, le climat rigoureux auquel ils ont su s’adapter et leur savoir-faire qui donne toute la saveur aux produits exceptionnels de la Zone boréale.

Les incontournables de notre garde-manger régional

Les petits fruits nordiques

La production de petits fruits est idéale sous les conditions qui prévalent en milieu nordique. Certains de ces fruits sont plus connus comme les fameux bleuets sauvages, les canneberges et les framboises tandis que d’autres comme la camerise, l’amélanche et l’argousier émergent. Une chose est certaine, ils sont riches en antioxydants et en vitamines et leur consommation quotidienne peut avoir des bénéfices sur la santé.

Les produits laitiers

Les productions laitières occupent une très grande place dans l’économie régionale. Effectivement, selon des données du MAPAQ en 2019, 43 % des productions d’ici étaient destinés à ce secteur. Ce n’est donc pas étonnant d’avoir une dizaine de fromageries à découvrir sur notre territoire.

Les céréales d’hiver et protéagineux

Plusieurs céréales bénéficient avantageusement d’un climat plus frais. On les utilise pour l’alimentation animale, mais également pour notre propre besoin en alimentation. En effet, la consommation de grains entiers est une source de fibres qui diminue les risques de maladies cardiovasculaires et de cancers. Des farines peuvent également être produites à partir de ces grains pour la fabrication d’une multitude de produits alimentaires : pains, pâtes et même bières ! Nous ne pouvons passer sous silence les protéagineux qui occupent, avec les céréales, 8 % des productions régionales. L’identitaire gourgane, aussi appelée fève des marais, fait partie de ce groupe, accompagnée des pois jaunes, et des lentilles qui poussent également bien en zone boréale.

 

Les produits maraîchers du Nord

Plusieurs plantes de nos potagers sont sensibles aux conditions rigoureuses associées aux latitudes boréales. La réputation de ces dernières n’est plus à faire d’un point de vue nutritionnel. Elles sont souvent riches en nutriments de toutes sortes, que l’on parle de fibres, de vitamines, d’antioxydants ou de minéraux. Les produits maraîchers du nord constituent encore aujourd’hui la base de nos potagers.

Les produits de la forêt boréale

Naturellement, notre territoire offre une multitude de produits,  certains plus connus, et d’autres qui restent à découvrir. On parle bien sûr de champignons forestiers, mais également de certaines plantes sauvages qui présentent un potentiel aromatique permettant de les utiliser en tant qu’épices. Poivre des dunes, mélilot, comptonie voyageuse, myrique baumier et bien plus peuvent agrémenter nos plats et se substituer aux épices provenant d’ailleurs. On peut penser à l’exploitation des sucres naturels de la sève de certaines essences d’arbre typiquement boréales, que l’on parle des produits d’érable ou plus récemment du bouleau. Les composantes aromatiques des produits forestiers non ligneux font l’objet d’études qui démontrent leurs vertus bénéfiques pour la santé notamment en ce qui a trait à leur potentiel antioxydant.

Les oléagineux de climat frais

L’huile d’olive est omniprésente dans la cuisine méditerranéenne. Or, certaines cultures nordiques peuvent être utilisées pour la production de gras d’origine végétale. Le canola, le lin, la cameline et le chanvre s’accommodent bien des conditions boréales. Ces plantes peuvent fournir des huiles riches en gras insaturés tels que les oméga-3 et les oméga-6 qui en font un choix judicieux.

Les élevages sous conditions nordiques

Nous insistons sur la notion d’alimentation spécifique puisque c’est de cette façon qu’une production animale devient typique d’un terroir. Les fourrages de qualité produits en régions boréales, les céréales d’hiver ou d’autres produits typiques de l’environnement nordique (produits maraîchers, petits fruits, plantes sauvages, etc.) peuvent être utilisés pour constituer une alimentation boréale aux élevages du nord et potentiellement leur procurer des caractéristiques spécifiques. L’isolement géographique permet davantage un mode de production sans antibiotiques en raison de la protection sanitaire qu’il confère et de l’absence de certaines maladies. Il existe d’ailleurs plusieurs fournisseurs régionaux qui s’appliquent à différencier leur production sous conditions nordiques , que l’on parle de porc, d’agneau, de bœuf, de volaille, de produits laitiers ou d’élevage de grands gibiers. La production de miel est également influencée par les caractéristiques du terroir en ce qui a trait au goût qui est tributaire des espèces végétales en place pour le butinage.

La chasse et la pêche

En plus des produits issus de l’exploitation agricole et des activités de cueillette, notre territoire représente un lieu de prédilection pour les activités de chasse et de pêche. La pêche sur la glace constitue notamment une activité très caractéristique de notre région.