Pour mettre en valeur les céréales et légumineuses nordiques, Moulin A. Coutu s’est spécialisé dans la production de farines biologiques sans gluten, en misant sur une technique de production artisanale et des semences produites sur place. Grâce à sa nouvelle marque de commerce pour la vente au détail, Cuisine Soleil, l’entreprise souhaite faire rayonner les cultures produites au nord du 48e parallèle.
En se promenant dans les vastes champs de Moulin A. Coutu, qui couvrent 200 hectares à La Doré, dans le nord-ouest du Lac-Saint-Jean, on peut apercevoir les champs de sarrasin, de chanvre, d’avoine et de gourganes, toutes des plantes nordiques qui font la fierté du sympathique Rodrigue Tremblay, copropriétaire des lieux. « On a une région extraordinaire pour la culture de ces plantes-là », souligne l’homme de 68 ans qui a développé une expertise en production de semences nordiques pendant sa carrière d’agriculteur. Les plantes qu’on cultive au Saguenay–Lac-Saint-Jean, un territoire nordique, reçoivent plus d’ensoleillement en été, mais la saison de croissance est plus courte. L’alternance des journées chaudes et des nuits fraîches influence ainsi le métabolisme des plantes et permet une plus grande concentration de certaines molécules bénéfiques à la santé. Pour avoir de bonnes récoltes, il faut donc miser sur les cultures adaptées au climat, la spécialité de Rodrigue Tremblay et Sébastien Michaud! Même si Rodrigue vient d’une famille nombreuse qui a été élevée sur une ferme laitière, l’agriculteur a toujours préféré travailler avec les végétaux qu’avec les animaux. Et c’est cette passion pour les plantes qui l’a poussé à transformer la ferme de son paternel, rachetée en 1978 pour lancer une production de semences et de céréales anciennes. « J’ai siégé sur plusieurs comités de recherche et j’ai côtoyé des améliorateurs de céréales, ce qui m’a donné le goût de créer davantage de valeur à la ferme, en produisant les semences pour des régions boréales comme la nôtre », raconte ce passionné à la fibre entrepreneuriale.
En 2002, Rodrigue et son épouse, Éliette décident d’acheter l’entreprise Moulin A. Coutu Inc., alors situé à Saint-Félix-de-Valois, dans Lanaudière. Cette transaction marque un tournant dans l’histoire d’une des plus vieilles entreprises de mouture de farine de sarrasin de cette région, créée en 1850. Le savoir-faire artisanal de la mouture sur pierre allait s’unir à celui du semencier de cultures nordiques.
Ainsi, après avoir opéré le moulin dans Lanaudière pendant près d’une décennie, Rodrigue, qui détenait toujours sa ferme au Lac-Saint-Jean, décide de rapatrier les opérations dans sa région natale, au début des années 2010, question d’être plus efficace. « La plupart des grains venaient déjà de la région, alors on a décidé d’installer le moulin à La Doré », raconte-t-il. Faute de relève au sein de sa famille, l’homme alors au début de la soixantaine se met à chercher un partenaire d’affaires pour pérenniser l’entreprise qu’il a bâti avec amour pendant des années. « Je souhaitais que les connaissances acquises au fil des ans puissent servir à quelqu’un d’autre, afin de continuer à créer de la valeur dans nos milieux », dit-il fièrement. Et c’est finalement pendant les fêtes 2015, qu’un de ses anciens employés, Sébastien Michaud, reprend contact pour lui parler de son intérêt pour l’agriculture biologique. C’est ainsi qu’il trouve la perle rare!
À l’époque, Sébastien, métallurgiste pour Rio Tinto en Montérégie, cherche à revenir s’installer dans la région qui l’a vu naître. « On s’était dit qu’on allait revenir dans la région avant que les enfants commencent l’école », raconte le père de famille. Il décide de saisir l’occasion d’un retour à la terre, ce qui lui permet de revenir dans son village de La Doré. « J’avais un intérêt pour l’alimentation biologique et les astres semblaient alignés pour que je saisisse cette opportunité-là », souligne le jeune homme qui avait travaillé à la ferme de Rodrigue Tremblay et Éliette Tremblay (Éliro) quand il avait 17 ans.
C’est ainsi qu’il fait le grand saut au printemps 2016. Malgré les énormes défis à relever au quotidien, il a trouvé, grâce à Moulin A. Coutu, un projet à sa mesure, tout en offrant la qualité de vie qu’il souhaitait à ses deux fillettes. Sa conjointe, Karine Harvey, elle aussi native de la région, a embarqué dans l’aventure en devenant contrôleuse de qualité. Une vraie histoire de famille! Après cinq ans à travailler au moulin, Sébastien, un grand gaillard de 39 ans, prend graduellement la relève de l’entreprise, dont il détient 51 % des parts. Cartésien, il approche les projets avec énormément de rigueur et de réalisme.
Rodrigue, de son côté, souhaite continuer à épauler son partenaire pour encore quelques années. Toujours emballé par différents projets de développement, l’homme d’expérience agit comme un mentor et poursuit la passation des rênes de Moulin A. Coutu. Il peut maintenant envisager une retraite paisible, en sachant que l’avenir de l’entreprise qu’il a bâtie est entre bonnes mains. « Sébastien et moi avons les mêmes convictions, une vision et une volonté similaires », se réjouit-il, évoquant leur passion pour l’agriculture biologique et leur désir ardent de réduire l’impact environnemental dans chacun de leurs projets d’entreprise.
Pour mettre en valeur les espèces cultivées, les entrepreneurs misent notamment sur le sans gluten, car les cultures nordiques, comme le sarrasin, l’avoine, le chanvre, la gourgane et le pois jaunes, n’en contiennent pas. Ce créneau a permis à l’entreprise de se démarquer au fil des ans, autant auprès des clients industriels que des consommateurs. Mais les produits de Moulin A. Coutu, vendus sous le nom de Cuisine Soleil, ont bien plus à offrir, estiment les deux entrepreneurs. « Notre marque de commerce, c’est la valeur nutritionnelle de nos produits », explique Rodrigue, ajoutant que la mouture sur meule de pierre, un procédé artisanal millénaire, permet de mieux conserver les minéraux et les fibres. La diversité des farines produites par Moulin A. Coutu permet aussi d’offrir des produits à haute teneur en protéines végétales, et d’autres avec une forte teneur en oméga-3, 6 et 9, comme c’est le cas avec les farines de lin et de chanvre, renchérit Sébastien. De quoi séduire une clientèle de plus en plus consciente de ses choix alimentaires.
Au-delà des propriétés nutritives, il y a aussi une toute nouvelle gamme de saveurs et de textures à découvrir grâce aux farines biologiques produites à La Doré, poursuit celui qui a fait un retour à la terre.
L’attrait grandissant envers les cultures nordiques laisse aussi présager un bon potentiel de croissance pour l’entreprise à plus long terme, au fur et à mesure que les consommateurs tomberont amoureux de leur goût complexe et de leurs bienfaits pour leur santé.
Prêt à mettre de nouvelles farines nordiques dans votre panier?