Délices du Lac-Saint-Jean : une vraie histoire de bleuets

05.08.2021
Le bleuet est un mode de vie pour la famille Gaudreault. En plus de le cultiver et de le transformer, Lisette Paré et ses filles, Émilie et Marie-Soleil Gaudreault, ont entrepris le projet de faire connaître l’histoire du petit fruit bleu tout en mettant en valeur leur savoir-faire artisanal avec leur entreprise, Délices du Lac-Saint-Jean.

« Je suis née dans une talle de bleuets. Le bleuet fait partie de notre identité et de notre patrimoine », lance d’emblée Émilie Gaudreault, rencontrée à son atelier-boutique d’Albanel. D’aussi loin qu’elle peut se rappeler, elle a toujours été entourée de bleuets. Toute petite, elle allait se promener dans les bleuetières avec son grand-père, sa sœur Marie-Soleil et ses parents. Le temps s’arrêtait chaque mois d’août pour la récolte du bleuet en famille.

Lisette Paré souligne que la récolte du bleuet était une source importante de revenus pour plusieurs familles du Saguenay–Lac-Saint-Jean quand elle était jeune, notamment pour payer les frais scolaires et se gâter un peu. Pour une famille de 15 enfants, comme celle de Lisette, ce revenu était bienvenu! Après la récolte venait le temps de cuisiner le bleuet à toutes les sauces. Confitures, tartes et autres recettes traditionnelles étaient à l’honneur. Ce rythme de vie a marqué toute la famille Gaudreault, si bien que les trois femmes ont racheté l’entreprise Délices du Lac en 2014. « Ça fait longtemps qu’on travaille ensemble dans les champs de bleuets de la famille, raconte Marie-Soleil avec passion. Comme on est producteurs, on avait envie de faire de la deuxième et troisième transformation, pour apporter de la richesse dans la région. »

« Pendant très longtemps, les transformateurs de la région se contentaient d’exporter le bleuet sauvage. Plusieurs femmes le transformaient en petits lots, mais on a voulu en faire plus pour offrir des produits qu’on retrouvait dans les familles du Lac-Saint-Jean », ajoute Émilie, qui assume le rôle de directrice générale, vente et développement des affaires. Dans la gamme de produits de Délices du Lac-Saint-Jean, on trouve ainsi de la confiture, de la pâte de bleuets, du chutney et des bleuets séchés, entre autres. « Sans oublier la tarte aux bleuets de ma mère et la sauce barbecue de ma tante Adèle », souligne Émilie.

Mettre en lumière l’histoire du bleuet

En plus de transformer le bleuet sauvage, les entrepreneuses souhaitaient raconter comment le petit fruit a marqué le développement de la région. « Il n’y avait pas d’offre touristique à propos du bleuet. C’est pourquoi on a décidé de créer un atelier-boutique pour démontrer notre travail artisanal et faire connaître l’histoire du bleuet, du champ jusqu’à l’assiette », explique Émilie, qui aime bien raconter que le bleuet a été « domestiqué » dans la région.

Au fil de cette démarche, Délices du Lac-Saint-Jean a ouvert l’Économusée de la confiturière : bleuet sauvage. « Un économusée, c’est une manière de s’organiser pour que l’artisan vive de son patrimoine et de sa créativité, et que les clients repartent avec une émotion et un enrichissement personnel », expliquait Cyril Simard, l’idéateur du concept d’économusée, dans un reportage du magazine L’actualité. Cette définition cadre à merveille avec ce que font ces trois amoureuses du petit fruit emblématique de la région.

Une sensibilité féminine payante

C’est en partie la sensibilité féminine d’Émilie, de Marie-Soleil et de Lisette qui leur permet d’offrir des produits qui se démarquent et qui continue de les guider dans leur démarche d’affaires. « Quand j’ai donné naissance à mon fils, je me suis remise en question, en me demandant quelle empreinte écologique je voulais laisser derrière moi », fait part Émilie, maman d’un petit garçon de trois ans. C’est à ce moment que Délices du Lac-Saint-Jean a opté pour des emballages plus écologiques, dont certains compostables, et ce, même si les coûts sont près de 30% plus élevés. De plus, l’entreprise a choisi de compenser ses émissions de gaz à effet de serre grâce à Carbone boréal, un programme de compensation des GES qui permet le reboisement tout en finançant des projets de recherche à l’Université du Québec à Chicoutimi. Ces choix en phase avec les valeurs profondes de l’entreprise ont été bénéfiques, car ils ont mené à de nouveaux partenariats d’affaires qui ont propulsé les ventes.

C’est notamment le cas avec les Fermes Lufa, qui ont choisi les produits Délices du Lac-Saint-Jean pour sa politique de développement durable, ce qui a donné accès à la plateforme de vente en ligne de Lufa et à son réseau de distribution qui livre 70 000 paniers par semaine. Autre partenariat : celui avec Sobeys qui permet de faire rayonner les tartes aux bleuets, maintenant offertes avec de la framboise et de la camerise, dans 990 marchands du Québec, de l’Ontario et du Nouveau-Brunswick.

Au-delà de proposer des produits exceptionnels, Délices du Lac-Saint-Jean veut mettre de l’avant une offre qui répond aux besoins et ainsi être à l’écoute de sa clientèle, souligne Émilie. « On mise très fort sur les circuits courts, dit-elle. On parle de qui on est, de notre histoire pour rejoindre nos clients au lieu d’investir massivement dans le marketing. » Cette conversation avec la clientèle a convaincu les entrepreneuses d’entamer un virage biologique dans leurs bleuetières il y a déjà quelques années. Près de 85% des 162 hectares sont maintenant en régie biologique et le reste est en cours de conversion – il faut trois ans pour recevoir la certification biologique. « À terme, on veut être 100% bio », explique Émilie, qui a été nommée jeune agricultrice de l’année en 2017 par la Fédération des agricultrices du Québec.
Faisant écho à ses souvenirs de jeunesse aux côtés de son grand-père, Émilie traîne aujourd’hui son petit garçon dans les bleuetières, entourée de tous les membres de sa famille. « Les bleuets sont indissociables de ma vie. J’ai un chalet près de la bleuetière, je fais de la raquette dans les champs l’hiver, on y marche pendant la période de floraison au printemps… J’y pense même quand je dors! C’est mon histoire et c’est une de mes plus grandes passions », conclut Émilie, pour qui l’histoire d’amour avec les bleuets est loin d’être terminée

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