Si Laurie Godin a sélectionné le nom Ferme des exilées pour son entreprise agricole, c’est parce que c’est ce qu’elle est : une exilée du Centre-du-Québec qui a trouvé le bonheur dans la froideur de notre territoire nordique et dans la chaleur de ceux qui y habitent. Plein phare sur le parcours de cette agronome agricultrice authentique et impliquée.
Laurie Godin est née sur une ferme laitière de Saint-Rosaire dans le Centre-du-Québec. Ce contact privilégié avec la nature et l’amour du vivant l’ont amenée à choisir le programme Milieu naturel au Cégep de Saint-Félicien. Ça en a pris peu pour que la région 02 la charme. À la suite de cette formation, elle passa quelques années à barouder notamment au Yukon pour effectuer des travaux sylvicoles, en passant par un travail en foresterie et celui de guide de chien de traîneau. Elle entama finalement une formation en agronomie puis en agroéconomie. C’est la rencontre de sa conjointe, Lisa Dion, grâce à un ami de La Doré, qui changea le cours de son histoire. Très vite, un projet commun d’exploitation agricole germa dans la tête du couple. Elles envisagèrent la possibilité de reprendre la terre familiale de Laurie, mais c’est finalement le Lac-Saint-Jean qui l’emporta.
« En 2013, on s’était données 5 ans pour trouver l’endroit idéal pour notre projet, mais la même année on a trouvé à Saint-Thomas-Didyme et en 2014 on se lançait dans la culture des camerises. Les gens de la place nous demandaient ce qu’on faisait là et d’où on arrivait et c’est comme ça qu’est venu le nom de la Ferme des exilées. »
Laurie apprécie particulièrement la complexité de notre climat rigoureux qui met son savoir-faire d’agronome à l’épreuve. Le terrain étant vallonné, plutôt rocheux et, au moment d’en prendre possession, la terre était en friche depuis une vingtaine d’années. Les deux propriétaires ont donc opté d’abord pour la camerise, une culture résiliente qu’elles maîtrisent maintenant sur le bout des doigts, puis, elles ont ajouté tranquillement l’ail et la rhubarbe tout en ayant quelques talles de bleuets sauvages en complément. Les deux entrepreneures adaptent leurs façons de travailler pour s’imbriquer dans la nature qui les entoure au lieu de modifier la nature pour répondre au besoin de l’entreprise. Une harmonie que Laurie prend beaucoup de plaisir à conserver et c’est une fierté pour elle d’avoir une ferme qui a sa propre identité plutôt que de suivre un modèle préfabriqué.
« J’apprends tous les jours et je fais des gaffes tous les jours aussi. Les essaies et les erreurs vont et viennent, mais je suis motivée. L’expression « pas capable » ne fait pas partie de mon vocabulaire, il faut toujours que je trouve une façon d’arriver à un résultat le plus près de la perfection possible, mais je dois aussi accepter que quelques fois la nature fait à sa tête. »
« Ce petit fruit a un potentiel qui est encore trop peu exploité, nous avons encore besoin de le faire connaitre, mais ce n’est pas difficile de convaincre que c’est succulent et que la qualité nutritive est très intéressante, il suffit de faire goûter et d’informer. »
Les deux propriétaires de La Ferme des Exilées reçoivent aussi les gens qui voudraient participer à la cueillette pendant la belle saison. Un moment convivial où famille, amis et gens de la communauté mettent avec plaisir la main à la pâte.
Ce portrait a été rédigé dans le cadre d’un projet porté par le Syndicat des agricultrices du Saguenay-Lac-Saint-Jean.