Tournevent : quand grande culture devient art de vivre

20.08.2025

En bordure des montagnes du Parc des Laurentides, là où les champs dansent au rythme du vent du nord, la Ferme Tournevent incarne un modèle rare d’audace, de vision et de résilience. À sa tête, Audrey Bouchard et Guillaume Dallaire forment un duo complémentaire, ensemble, ils filent la parfaite harmonie entre enracinement à la terre et innovation. Depuis plus de 10 ans, ils construisent une entreprise bioalimentaire où la culture des grains, la transformation, et l’agrotourisme s’agglomèrent pour offrir une expérience marquante aux mangeurs. Rien d’étonnant d’avoir pour slogan « On récolte et on s’aime ».

Une histoire de famille et de vision

L’aventure Tournevent commence avec une opportunité familiale : le père de Guillaume, producteur en grande culture, leur propose de reprendre les rênes de la ferme. Le couple qui habite à ce moment à l’extérieur de la région avec de jeunes enfants décide de revenir. « Les enfants étaient encore tout petits, c’était ambitieux de se lancer en affaires à ce moment, mais l’envie y était de les élever en nature, à la ferme d’Hébertville ». Plutôt que de suivre les sillons tracés, le couple imagine un projet novateur — un modèle d’intégration verticale, allant du champ à la bouteille…d’huile.

« Juste les grains, ça ne fait pas vivre une famille. On voulait aller plus loin », résume Audrey, chimiste alimentaire de formation. Rapidement, ils mettent le cap sur Bordeaux pour s’inspirer des pratiques européennes en matière de transformation des huiles. À leur retour, ils investissent dans des équipements spécialisés et amorcent un virage bio et local.

Une huilerie unique au Québec

 Leur modèle est clair : produire, transformer et commercialiser leurs propres grains. Canola, caméline, chanvre, sarrasin — chaque huile est extraite à froid à partir de semences cultivées dans leurs champs et nettoyées avec soin. « On est un peu comme un vignoble, mais avec des grains. Chaque récolte a sa personnalité », explique Audrey. Sans oublier leur importante production d’ail, de petits pois et de lentilles vertes et noires.

Cette approche leur permet d’offrir des produits à la fois authentiques, traçables et empreints du terroir boréal. « On joue la carte de l’éducation. Pour démocratiser les huiles d’ici, il faut expliquer, faire goûter, faire vivre une expérience. »

L’agrotourisme comme vecteur de changement

L’éducation passe par le contact humain, et c’est là qu’intervient l’expérience agrotouristique de la ferme. Dès l’arrivée à l’Économusée, le visiteur est accueilli par un paysage à couper le souffle. « Un Français nous a dit que ça ressemblait à un vignoble de chez lui. C’était exactement ce qu’on cherchait », raconte Audrey avec fierté.

En plus de la boutique gourmande et de l’espace de vrac, la ferme propose des visites d’interprétation, des dégustations, des ateliers immersifs comme “Apprenti maître huilier”, et même un café où chaque breuvage et bouchée intègre un ingrédient de la ferme. « On veut que les gens vivent un moment unique, lent et savoureux — c’est notre façon à nous de faire du slow tourisme. » Une façon également de démocratiser les huiles de chez nous encore trop souvent dans l’ombre de l’huile d’olive qui traverse l’atlantique pour arriver sur nos tablettes.

Prendre le temps de savourer ce qui a été semé

Derrière le succès de Tournevent, il y a un couple uni, des compétences complémentaires — mais surtout une équipe mobilisée autour d’une mission : offrir le meilleur de leur territoire avec un profond respect des valeurs d’authenticité, de l’environnement et de la qualité.

« On a couru un marathon pendant 10 ans. Aujourd’hui, tout est en place. On veut ralentir un peu, contempler ce qu’on a bâti et optimiser ce terrain de jeu », confie Audrey. Les projets de nouveaux produits et les nombreuses collaborations se poursuivent, comme l’huile de canola infusée au gingembre bio, en collaboration avec Merci la terre, ou encore des collations de pâte de bleuets repensées avec du tourteau riche en nutriments avec Délices du Lac-St-Jean. L’été est aussi prétexte à une foule d’événements éphémères à la ferme où découvertes et moments de partage sont au rendez-vous.

Pour Audrey, au-delà des produits et des installations, ce sont ces liens humains qui donnent tout son sens à l’aventure : « Un jour, quand je regarderai tout ça de loin, ce que je garderai, ce sont les belles amitiés, les beaux humains rencontrés en chemin. »

 

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